Voici l'un des chefs-d'œuvre de la littérature du Moyen-Âge. Le tournoi de Chauvency reste le meilleur livre pour entrer en contact direct avec cette époque si étrange et dépaysante qu'est le Moyen-Âge, enfance de notre histoire. Mieux que n'importe quel commentaire moderne, ce texte authentique nous renseigne sur les usages, les modes, les valeurs et les mentalités de l'époque.
Dans un reportage saisissant, Jacques Bretel, poète unique en son genre - et sans doute le premier journaliste de notre Histoire - trouve avec bonheur et naturel les mots et les plus belles images pour immortaliser les festivités de Chauvency, telles qu'elles se déroulèrent du 1er au 5 octobre 1285.
Des rivages de la mer du Nord aux rives du lac Léman, était accourue toute une jeunesse avide de gloire de gain et de prouesse à l'invitation du comte Louis V de Chiny pour participer aux joutes et à la mêlée du tournoi, jeux sportifs et guerriers à la nouvelle et à l'ancienne mode.
L'auteur nous renseigne sur ce que l'on mange, ce que l'on boit, la manière dont on s'habille pour une réception ou sur le champ de bataille, ce que l'on chante et comment l'on s'aime. Il nous renseigne aussi sur nombre de familles aristocratiques qui ont illustré pendant des siècles l'histoire de tous nos pays : les Grailly de Grilly, cités dans tous les dictionnaires, les Salm et Blâmont, les Bauffremont, les Briey, les Amance, les Ligne et les Lalaing, sans oublier les prestigieuses maisons d'Avesnes, de Flandres, de Luxembourg et de Luxembourg-Ligny. Défilent aussi sous nos yeux les noms de Bergheim, Hattstatt, Faucogney, Ronchamp, Moncley, Auberchicourt, Bergues, Hondschoote, Fléchin, Haussy, Sancerre, Creüe ou Crëve, Rosières-aux-Salines et même Trie du nord-ouest de Paris...
Jusqu'à présent, cette œuvre écrite en vieux français du treizième siècle, inaccessible au commun des lecteurs, était restée ignorée du public. Enfin, traduit pour la première fois, ce texte rare et d'une qualité littéraire remarquable méritait d'être tiré de l'oubli. La traduction qui en a été faite, calquée sur l'œuvre originale, imite autant que possible les vers octosyllabiques et rimés, tente d'en conserver non seulement le sens, mais essaie aussi d'en reproduire le rythme et la cadence - essentielle à la poésie ancienne - et parfois les sons et l'art des formules qui existaient dans le texte en Ancien Français. Ce beau poème devrait ravir tout esprit épris d'histoire, curieux de civilisation ou amoureux de littérature.